Bien se préparer à l’affût

Quelques lignes pour les passionnés photographes ou non, mais aussi aux curieux qui veulent en savoir un peu plus et profiter de la nature sans trop la déranger, particulièrement indiqués pour les mammifères.

Pour chaque espèce il faut s'obliger à s'informer par de bonnes lectures sur ces habitudes et  particularités. Ensuite faire du repérage, c'est la base d'une possible réussite d'un affût. J'ai pratiqué pendant quelques années la billebaude, mais il est évident qu'en Europe où les mammifères sont très farouches. Vous n'obtenez alors que des animaux sur l'œil (drôle d'expression, mais qui veut bien dire les choses), mammifères et oiseaux fuyant, dans le doute, et finalement des images vues et revue. Alors un jour je me suis assis, et là on change tous. Les scènes observées deviennent naturelles, avec parfois quelques images, mais surtout des souvenirs plein la tête. Voici à peu de chose près le déroulement de ma préparation à l'affût aux mammifères : cerf, chevreuil, chat forestier, renard… Avant tout je choisis un type de territoire susceptible d'accueillir telle ou telle espèce en me référent à mes lectures, mais aussi à une certaine expérience qui vient au fil des années. Biotope, géographie, fréquentation humaine… Je me concentre ensuite sur le repérage en contrôlant par les traces et indices laissés par l'espèce recherchée lors de balades en journée, marques au sol, passage dans les haies, dans la lisière de forêt par exemple. N'oubliez pas de noter les heures de bonnes lumières et vents dominants, pour choisir tel ou tel affût suivant la météo.

Je commence toujours par des affûts très matinaux pour confirmer la présence d'animaux recherchés, ce qui permet de vérifier visuellement une présence, noter les heures de déplacement, de sorties, de rentrées de l'animal recherché. Une fois collectées toutes ces informations vient le moment de choisir le ou les lieux adaptés. La plupart du temps 2 affûts par site retenu pour choisir le meilleur suivant le vent. Enfin vient le moment de la préparation succincte des lieux pour affûter en laissant le moins d'odeur possible. Nettoyer un peu le sol à proximité de l'affût, apprendre le parcours pour se poster de nuit (surtout pour le brame). Généralement j'utilise ce qui m'entoure bois, fougère, feuillage, pour faire un affût simple complété d'un filet c'est tout (pour les mammifères). Autre point auquel j'attache beaucoup d'importance, pour réussir des images de grande proximité, mes tenues d'affûts ne rentrent jamais à la maison. Les tenues sont toujours dans la pièce de stockage de bois de chauffage, et ça marche. Tout le monde n'a pas un lieu comme ça, je sais, mais préférez toujours un garage plutôt qu'un intérieur chauffé et rempli d'odeurs. Oubliez les parfums, déodorants à fortes odeurs, et odeurs de cigarette bien sûr. Une biche ou un chevreuil à mauvais vent avec ce genre d'odeur vous détectera sans difficulté à 500 mètres. (j'ai souvent observé ça au brame)

Pour le cas particulier du brame Je fais mes repérages sonores au brame de l'année précédente. Ensuite à partir de début août, je commence mes observations sur les territoires retenus pour évaluer la densité de biches (et cela peut changer beaucoup d'une année sur l'autre) autour de la place, mais aussi pour constater l'évolution des coupes de bois et du biotope. C'est toujours ce qui conditionne la grosse activité au moment où ces messieurs les cerfs se disputeront les biches. Cela permet déjà de cibler ces futurs affûts et de connaître les habitudes des biches et donc des cerfs le moment venu, passage d'entrée dans les clairières, passage de sorties, ou de fuites, ce ne sont pas toujours les mêmes. Et j'ajoute aussi chercher par où peuvent arriver les bipèdes parfois maladroits. tous ceci associés aux méthodes précédemment exposées conditionnent mes choix. Je me poste toujours de nuit au brame,  évitez d'installer son affût en pleine exposition au soleil levant, les cervidés y sont très sensibles au contraste, et enfin ne jamais désespérer même si il y a des promeneurs, ou "des battues photographiques "  les vieux cerfs de brame privilégient toujours l'attente camouflée sur la fuite. J’observe parfois des cerfs qui restent totalement immobiles pendant une heure avant de reprendre leurs activités, mais sans bramer pour éviter le dérangement humain. Pendant ce temps les « arpenteurs» circulent sans les voir, c'est assez comique. Pour faire une image de proximité ou réussir toute observation ne vous placez jamais sur un point de passage d'un animal. Entrée, sortie ou point de fuite, s’il vous détecte vous ne le verrez jamais et ce sera le dérangement assuré. J'espère que vous aurez maintenant envie de vous assoir, bons affûts à toutes et à tous.

Christophe.